Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Recherche

11 juillet 2008 5 11 /07 /juillet /2008 05:38
La prison préventive est une douloureuse épreuve puisqu'elle laisse le prévenu dans l'incertitude de la peine définitive qui lui sera infligée. Elle est encore plus pénible, lorsque, comme dans le cas de Joël, l'incarcéré est innocent. En arrivant au greffe de la prison pour les formalités, le garçon se sentait, à la fois écrasé par le destin et révolté par l'injustice dont il était la victime ! Belzébuth souriait !

La succession des grilles à franchir pour arriver à la cellule qui allait être la sienne lui sembla un interminable calvaire. Vécu dans le claquement des serrures ouvertes puis refermées derrière lui. chaque fois il avait l'impression, de s'éloigner un peu plus du monde.Sur le seuil de la pièce dans laquelle il allait devoir vivre, il crut s'effondrer. Belzébuth ricanait !

 Il découvrit le petit vasistas haut perché, laissant entrer une lumière grise éclairant le lit métallique à deux étages, la table et le tabouret, scellés dans le  ciment, le recoin des cabinets à la turc, et surtout l'homme qui allait être son co-détenu.
Assis sur la couchette basse, en jogging et baskets, jambes écartées, coudes sur les genoux et clope aux lèvres, qui le regardait entrer avec méfiance. Une gueule de catcheur, une barbe de trois jours et la braguette ouverte.Même de loin, il émananait de lui une écoeurante odeur de sueur, de tabac et d'urine ! Le claquement sinistre du verrou vrilla le coeur de Joël. D'un signe de tête l'homme lui indiqua la couchette supérieure où il devait poser son maigre balluchon:
-"Moi c'est Marcel, je tire vingt ans pour meurtre de ma tapineuse, ici c'est moi le patron. Comme loyer, si t'as des ronds, tu pourras cantiner pour toi et pour moi, en échange, tu pourras regarder ma télé. J'espère que tu aimes les histoires de cul parce que moi j'adore ! T'es qui toi? T'es plutôt giron!" Joël se nomma et clama son innocence.

-"Ils disent tous çà, surtout les minots comme toi, mais les trois quarts du temps c'est du bluff ! Je te préviens j'aime la paluche, seul ou à deux, mais je préfère quand on est deux, surtout que toi, avec ta gueule et ton petit cul, t'es plutôt du genre à me faire une belle petite femme! Et que je suis à jeun depuis longtemps!"
Joël frissonna en imaginant le genre de distractions qu'allait lui offrir Marcel, mais préféra se taire pour ne pas envenimer la situation dès le départ. L'homme soudain se désintéressa de lui, se tourna vers la télé, en s'allongeant sur sa paillasse,une de ses énormes paluches triturant la bosse cachée dans son survêtement.

Un sentiment de solitude et de désespoir étreignait Joël qui faisait tous ses efforts pour retenir ses sanglots. Assis, jambes pendantes sur la couchette supérieure, la tête dans les mains, il se demandait encore pourquoi il était là. Tout en se doutant que le seul responsable ne pouvait être que Rémy; Jaloux de la préférence que lui accordait Romain lors de leurs échanges trois et, plus encore lorsqu'il s'enfermait à deux, dans la cabine pendant que Rémy devait barrer le bateau.
Le souvenir de ces instants lui revenait en mémoire, alors que sur l'écran de la  télé défilait les images d'une cassette X et que le lit métallique à étage se mettait à osciller. En dessous, Marcel avait baissé son survêtement, exhibant à Joël, sans doute pour tester ses réactions, un gigantesque braquemard qu'il paluchait énergiquement accompagnant son geste avec un commentaire à sa façon:
-"T'as vu s'ils sont beaux, tous les deux, le black et son mec ! Ils sont montés comme des ânes ! Cà me donne des envies, pas toi?"
Partager cet article
Repost0

commentaires

Articles RÉCents