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29 mai 2008 4 29 /05 /mai /2008 09:34
Mais dans cette période mouvementée, Armelle se demandait comment allait pouvoir vivre ou survivre le petit foetus qui se manifestait en elle avec des gestes de colère, parfois, mais de tendresse plus souvent.
Pieds nus, vêtue de peau de chèvre ceinte d'un toron de chanvre noir, un bâton à ma main, enduite d'un onguent décuplant le pouvoir d'attirance et augmentant  le désir exprimé, elle marchait sur le sentier sablonneux qui s'enfonçait dans la forêt. Romain et Ramon la suivaient, silencieux et tête basse, comme s'ils marchaient au supplice. La route serait longue jusqu'au coeur de la pinède         ;
Romain était anxieux de ce qu'il allait découvrir et peut-être subir. Ramon redoutait ce rendez-vous avec celui qui serait là, au centre du cercle avec sa grande ombre planant au dessus du feu mais invisible, même des initiés. Deux heures plus tard, ils apercevaient le grand halo de lumière qui marquait l'existence d'un gigantesque feu dont les flammes se léchaient les unes les autres en se tordant de lueurs amoureuses et en projetant brandons incandescents et gerbes d'étincelles.
L'assistance, constituée en grande majorité de femmes, parfois assistées de grands chiens ou de capridés, faisait cercle autour du brasier. Tous étaient pieds nus, vêtus de peaux et ceinturés de chanvre, comme Armelle qui s'intégra au cercle en demandant à ses deux  chevaliers de rester un peu en retrait.
A ce moment elle sut à quelle chapelle appartenait Ramon, puisque, sans l'écouter, il rejoignit le cercle, des hommes présents et regroupés.
La grande prêtresse du sabbat, crinière blanche et touffue au vent, dominant l'assemblée de sa haute taille, prononça des phrases tirées de La Cabale, puis entonna les chants que psalmodiaient, avec elle, tous les membres de l'assistance. Au fur et à mesure de la poursuite des chants, les participants commençaient à  se balancer lentement, et leurs pieds nus se soulevaient peu à peu du sol, à un rythme de plus en plus rapide.
C'était une sorte de danse guerrière qui allait en s'accélérant, faisant monter dans leurs coprs des trémulations et ondulations simulant les mouvements et les gestes de la copulation.
Elles se sentaient possédées par une force de plus en plus irrésistible, qui les fit, peu à peu, s'étreindre par couples ou par petits groupes, se livrant à des effusions et accolades et faites de gestes de plus en plus explorateurs. En y incluant, pour certains, les molosses et les boucs qui les accompagnaient.
Certaines, prises de frénésie se mettaient à mordre le cou et les épaules de leurs compagnes, en s'agitant convulsivement.. D'autres s'agenouillaient devant la silhouette élue,qui, tunique relevée et coincée dans la ceinture, s'offraient, toison embroussaillée et tendue vers leurs partenaires, plongeant  leur visage au coeur d'une intimité, mâle ou femelle dévoilée et luisante.*
Les hommes pratiquaient entre eux, des rites semblables qui dressaient leurs virilités choyées par des lèvres et des doigts avides, avant de posséder ou d'être possédés dans les lueurs rougeoyantes du feu, l'éclatement des étincelles et des braises incandescentes.
La sarabande devint générale lorque les deux sexes se mélangèrent pour s'agglutiner, puis s'engloutir les uns les autres. Mis en transes par des danses préliminaires et surchauffés par des litres d'alccol, maintenant débouchés et coulant à flots. Au cours de cette bacchanale effrénée, Armelle, accolée à sa voisine de cercle, passablement barbue, avait eu le temps de voir Ramon s'unir, lui aussi, avec ses deux voisins, velus comme des faunes!
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